Animation à destination d'un public averti

Animation à destination d'un public averti
Le cinéma d’animation ne s’adresse pas uniquement aux enfants, même si son esthétique suggère fortement l’inverse.
L'animation est parfois utilisée au profit du genre dramatique, ou des films de guerre, inadapté à un jeune public. L'animation peut aussi se révéler d’une grande violence et d’une vulgarité exacerbée. Elle côtoie parfois l’horreur, l’épouvante, voire le gore. L’animation peut être sensuelle et même érotique. Enfin, nous devons aussi relever ce qui est le comble du mauvais gout, lorsque l'animation flirte avec la pornographie. En raison de leur nature, tous les films de cette catégorie sont réservés à un public adulte et averti.

Cet intérêt de l'animation « hors normes » commence concrètement avec le réalisateur américain Ralph Bakshi, qui décide de réaliser un dessin animé exclusivement à destination d'un public adulte. Fritz le chat, sorti en 1959, est un film très controversé, et pour cause, il est le premier long métrage d’animation à recevoir un classement X. L’histoire met en scène un chat anthropomorphe débridé dans une satire de la vie universitaire et de la sexualité libérée. Le film devient rapidement un succès mondial.

Fritz le chat semble susciter des vocations, et certains réalisateurs deviennent même des maitres du genre, tels que Phil Mulloy et le Belge Picha.Ce dernier réalise des films qui mettent en scènes des personnages obscènes, souvent nymphomanes et complètement délurés, dans un univers peuplé de phallus, comme dans La Honte de la Jungle (1975).

Peter Jackson (célébre pour sa sage Le Seigneur des Anneaux) débute dans le cinéma avec une parodie des Muppets avec Les Feebles (1989), mettant en scène des marionnettes hautes en couleur, vulgaires et obsédées par la chose.

L’américain Bill Plympton réalise des films destinés aux adultes bénéficiant d’une intelligence artistique et narrative. L’homme façonne son propre style, reconnaissable entre tous, et déjà trés bien définie dans L’Impitoyable Lune de miel ! (1997).

Les animes sont parfois trop violent pour qu’ils soient regardés par des enfants, et ce n’est pas Le Club Dorothée qui dira le contraire. La célèbre émission de jeunesse (diffusée de 1987 à 1997) s’est en effet trompée de cible en diffusant tour à tour Dragon Ball Z, Les Chevaliers du Zodiaque, et pires encore, Ken le survivant, des séries comportant beaucoup de scènes de violences. Ce choix, bien entendu, n’a pas vraiment convaincu les parents soucieux de ce que leurs enfants regardaient à la télévision.
Cette erreur de jugement est avant tout due aux différences culturelles entre la France et le Japon (où sont produit les animes). En effet, au pays du soleil levant les animes ne sont pas du tout exclusif aux enfants, contrairement aux dessins animés français de l’époque, ils en existent pour tous les publics. Si les Japonais intégraient déjà très bien cette notion et cette demande du public, il y a trente ans en arrière, ce n’était pas le cas des français qui ne semblaient pas vouloir admettre que les dessins animés pouvaient aussi intéresser les grands. L’idée préconçue qu’un dessin animé ne pouvait être produit que pour un public d’enfants, doublé d’une certaine négligence, s’est donc soldée par ces erreurs de programmations responsables de l’arrêt de l’émission.

La violence de certaines séries japonaises n'est plus à démontrer (même si elle est loin d'être généralisé à toute l'industrie de l'anime). Le héros de Ken le survivant, pour citer un exemple des plus parlants, maitrise un art martial extraordinaire capable de faire exploser les têtes de ses ennemis après leur avoir placé un coup bien précis. Le spectacle propose donc de nombreuses scènes de décapitation et de démembrement, et tout cela accompagné de grandes effusions de sang. Si l’anime s’est constitué un grand public de fans, il va de soi qu’un enfant de moins de douze ans ne devrait pas être la cible d’un tel programme.

South Park est l’archétype du programme vulgaire. Les obscénités et la violence sont dédramatisées avec humour dans cette série à prendre au quatrième degré.

Coproduction israélo-franco-allemande, Valse avec Bachir (2008) est considéré comme le premier long métrage documentaire d’animation de l'histoire du cinéma. Le film, plusieurs fois primé, surprend par sa forme et la gravité de ses thèmes abordés. L'oeuvre n’est clairement pas à ranger sur la même étagère que les oeuvres cités plus haut, car d'un tout autre registre, mais il n'empêche qu'il comporte des scènes d’une extrême violence (physique et psychique), pouvant heurter la sensibilité de certains adultes (le rédacteur de cet article, pour commencer), reste à imaginer l’impact qu’il aurait sur un enfant… Une raison qui en fait un film à destination d’un public averti, au même titre que le bouleversant Téhéran Tabou de Ali Soozandeh.

Ce dossier démontre que l’animation n’est pas uniquement l’apanage des enfants, même si l’inconscient collectif suggère l’inverse. Les exemples d’œuvres violentes, ou obscènes, sont légions, même dans le cinéma d’animation. Quelques œuvres se contentent de frôler les limites, certaines les dépassent de manière éhontée sous le couvert de l’art et de la liberté de créer. Des productions jouent clairement sur deux tableaux en proposant une esthétique enfantine et un propos adulte qui exprime par le discours et les images un contenu inapproprié pour un jeune public. C’est le cas de la série Happy Tree Friends, qui voit ses mignons personnages se faire trucider de manière abjecte, ou pour citer un exemple plus récent, le film Sausage Party : La vie privée des aliments, qui jongle entre le film d’horreur et le film pornographique, tout cela dans une joyeuse esthétique qui suggère fortement que le film est destiné aux plus jeunes. Une sorte d’arnaque immorale, difficilement défendable, surtout pour un parent mal informé qui aurait par inadvertance laissé son enfant visionner cela. Si cette drôle de pratique nous apparait comme une aberration, ne crions pas trop vite à la censure et rappelons-nous que la commission de classification des œuvres cinématographiques (les fameux "interdit au moins de") est justement là pour éviter ce genre de désagrément.

L’animation est à l’image du cinéma, elle propose des spectacles pour tous les goûts. Si la violence (aussi bien visuelle que verbale) et le sexe prêtent parfois à réfléchir, par la façon dont ils peuvent accompagner le sujet, ils peuvent également nous laisser perplexes dans certains cas lorsqu'on en vient à se questionner sur leurs rôles et leurs nécessités. Enfin, si ces aspects dans l’art sont inévitables, voire parfois souhaitables, pour développer des situations ou des tensions dramatiques, créer des crises, ou tout simplement raconter une histoire sous tous ses aspects, ils deviennent franchement dérangeants dès lors qu'ils sont omniprésents, voire obsédants, au sein de production qui ne semble n’avoir plus que cela à nous offrir pour tenter de nous divertir.

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