Coonskin

Long métrage
Vidéofilm

Coonskin

Long métrage
Vidéofilm

Infos techniques

Titre original

Coonskin

Durée

100 minutes

Date de sortie en France

(estimation)

Pays d'origine

États-Unis : sortie le

Réalisation

Ralph Bakshi

Société de production

Bakshi Productions
Paramount Pictures
Ruddy Productions

Synopsis

L'action se déroule aux États-Unis dans les années 1970. Frère Lapin, Frère Ours et le Prêtre Renard quittent le Sud pour venir s'installer à Harlem.

Critique

Honorable

Coonskin est un film d’animation américain mêlant animation 2D et prise de vue réelle réalisé par Ralph Bakshi, connu pour avoir dévié les codes de l’animation traditionnelle dans les années 60 avec Fritz The Cat. Avec Coonskin, Bakshi s’attaque aux minorités des quartiers du Sud des États-Unis, et en particulier à la communauté afro-américaine. Avec la magnifique présence de Barry White, le récit nous plonge dans l’histoire de Brother Rabbit, Preacher Fox et Brother Bear, trois Afro-Américains qui quittent le Sud des États-Unis pour s’installer à Harlem, où ils montent un empire criminel en défiant la mafia italienne et la police corrompue. Récit encadré par une intrigue en prise de vue réelle où un prisonnier noir et son ami tentent d’échapper à la police pendant qu’un vieil homme raconte une version réinventée des contes de Bibi Lapin (inspirés de la tradition afro- américaine et popularisés par les Uncle Remus Stories).

 

 

Les points forts


Avec habileté, le film détourne les stéréotypes qu’il dénonce en les exagérant pour mieux les déconstruire, notamment par le choix des musiques additionnelles implantées dans la culture afro-américaine, les tics de langage ou encore le style vestimentaire des personnages. Il en résulte alors un monde complètement déjanté, festif et haut en couleur.

Le chara-design est mémorable, typique du style grotesque de Bakshi et qui demeure toujours aussi efficace en termes de provocation. Les personnages ne cherchent pas à être beaux mais à incarner des représentations et caricatures marquantes de la société. On se retrouve alors avec une galerie de personnages se situant entre allégorie des valeurs américaines ou des différentes minorités présentes et caricature qui se pavane sur notre écran pour notre plus grand plaisir. Chaque personnage devient alors unique en son genre et facilement identifiable. Et c’est sans surprise que nous retrouvons également l’esthétique visuelle audacieuse de Bakshi dans sa globalité. En effet, Coonskin est un mélange de techniques variées qui passe par du collage, de la prise de vue réelle en mouvement et de l’animation 2D qui dynamisent l’image et donnent un rythme. Cet assemblage de méthodes graphiques donne un effet bande dessinée et cartoon assumé avec des couleurs bien prononcées qui rend un hommage parfait au slapstick et aux cartoons de l’époque, en passant par les bruitages exagérés et aucunement naturels et un pastiche des codes du dessin animé classique.

 

 

Les points faibles


Coonskin dispose d’un contraste dérangeant entre animation et prises de vues réelles. Effectivement, le style très expressif de Bakshi se marie mal avec la réalité filmée, et en particulier sur les scènes de jour. Les couleurs ne correspondent pas et les décors naturels des prises de vue de la prison ne sont pas esthétiques et tranchent avec l’animation. De plus, les transitions entre animation et vidéo créent un effet visuel perturbant, notamment lors des superpositions où les couleurs des personnages, qui sont fortes et sombres, s’éclaircissent jusqu’à donner un effet sale qui ne va pas avec l’ambiance de nuit. En termes d’animation des personnages, celle-ci est perfectible et précisément au niveau des expressions faciales qui ont un mauvais rendu, surtout lors des dialogues.

Pour finir, la qualité sonore est inégale. La prise de son manque de clarté et de précision, contrairement aux musiques.

 

 

En conclusion


Coonskin s’impose comme une œuvre à la fois audacieuse et dérangeante, fidèle à l’approche provocatrice de Ralph Bakshi. Son esthétique brute et son humour corrosif servent un propos satirique puissant, détournant les stéréotypes pour mieux les dénoncer. Malgré une animation percutante et un chara-design marquant, le film souffre de son contraste maladroit entre prises de vue réelles et séquences animées, ce qui altère parfois la cohérence visuelle. Toutefois, son énergie débordante, son hommage aux cartoons classiques et son regard sans concession sur la société américaine en font une œuvre singulière et mémorable, qui continue d’interpeller bien des années après sa sortie.

Il est à noter que le film a été controversé lors de ses premières réceptions, accusé de racisme par certaines associations, pendant que d’autres, notamment des figures du droit civique, défendaient sa critique incisive du racisme institutionnalisé. Ces facteurs ont perturbé la distribution du film et limité son succès commercial, malgré l’importance qu’il a su se forger au fil des années.

 

 

Avis rédigé par Camille le d'après une version originale

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Distributeur

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