Marc Davis est un animateur américain, l’une des figures emblématiques de l’âge d’or du studio Disney.

Marc Davis est membre de la légendaire équipe des Nine Old Men, un groupe constitué de neuf animateurs représentant le cœur de l’animation du studio Disney. Que ce soit par l’animation des personnages les plus célèbres du studio ou par sa contribution à la création des attractions de Disneyland — le premier parc à thème au monde — Marc Davis a consacré son génie créatif à aider Walt Disney à réaliser ses rêves. Ce dernier parlait de Marc en ces termes : « Marc peut écrire des histoires, des personnages, des animations, il peut concevoir des spectacles pour moi. Tout ce que j’ai à faire, c’est lui dire ce que je veux et c’est là ! C’est mon homme de la Renaissance. »

– Jeunesse

Vivant au rythme des déménagements de sa famille, le jeune Marc change 23 fois d’établissements scolaires et traverse les États-Unis en long, en large et en travers. C’est à Tulsa, dans l’Oklahoma, qu’il prend ses premières leçons d’art appliqué et que l’envie de devenir peintre naît en lui. Poursuivant dans cette voie, il suit des cours du soir, publie dans l’annuaire de son école, dans un magazine mensuel intitulé The Purple Quill, ainsi que dans le Sacramento Bee. En raison d’un nouveau déménagement, Davis abandonne ses études à l’Otis Art Institute. Il intègre plus tard la California School of Fine Art de Los Angeles. Tout de même diplômé en 1931, il crée des affiches de cinéma et de publicités pour la presse, avant de postuler aux studios Disney sous son second prénom Fraser. Ce choix lui sera préjudiciable, puisque la réponse des studios sera négative, expliquant qu’actuellement ils ne sont pas à la recherche de recrues féminines. Bien que frustré et déçu par la réponse de Disney, sa colère se transforme en peine, suite à la mort soudaine de son père. Le besoin d’argent se faisant pressant, il retente sa chance chez Disney. Cette fois, le succès est au rendez-vous puisque Marc est engagé le 2 décembre 1935.

– Ses débuts chez Disney

Créatif et compétent, capable de se démarquer de l’équipe distinguée des animateurs vétérans, ses talents exceptionnels lui confèrent déjà une considération certaine. Il faut dire qu’il dessine depuis l’enfance et que déjà à l’époque, cette passion lui octroie le respect de ses pairs. Ses premiers pas en tant qu’assistant-animateur s’opèrent sur le premier long métrage en Technicolor, Blanche-Neige et les Sept Nains. Les nombreuses heures passées à étudier et à esquisser l’anatomie des animaux du zoo de San Francisco lorsqu’il était plus jeune lui sont d’une aide précieuse pour animer les multiples scènes se déroulant avec des animaux. Cependant, on doit aussi lui attribuer les scènes de danse de Blanche-Neige sur la tyrolienne des Nains, inspirées par les mouvements de la comédienne Marge Champion, qui avait prêté assistance aux animateurs.

– De l’animation des animaux à celle des humains

Ses talents pour donner vie aux animaux sont mis à contribution sur le court-métrage Ferdinand le Taureau, puis sa collaboration devient majeure sur Bambi, où il dessine les divers cerfs, le faon Bambi, Panpan le lapin et Fleur la mouffette. C’est d’ailleurs à lui que reviendra l’animation entière de la timide petite mouffette. La guerre éclatant, le studio Disney est réquisitionné pour réaliser des courts-métrages de propagande. Marc participe ainsi au long métrage Victoire dans les airs, mettant en scène un aigle (représentant les forces militaires américaines) combattant une pieuvre (les forces japonaises). Une fois la guerre finie, il collabore sur le film Mélodie du Sud, en animant son héros principal, Frère Lapin. Dans le même temps, en 1947, Davis prend en charge une classe du Chouinard Art Institute. Et pendant 17 ans, un soir par semaine, il y dirigera un cours. C’est là qu’il rencontrera Alice Estes, l’une de ses élèves qu’il épousera en 1956. Rapidement, le studio lui propose d’autres projets et lui confie l’animation de personnages humains, alors même qu’il n’y prend pas grand plaisir, jugeant les humains « difficiles à dessiner » et « ennuyeux », selon ses propres termes. Cependant, son engagement envers l’excellence artistique est tel qu'il n’oublie pas de donner de la personnalité aux personnages. Il s’assure de faire croire qu’ils sont vivants et leur donne une performance digne d’un comédien. Et pour cela, quoi de mieux que de s’entourer de vrais acteurs ?

– The Disney’s Ladies’ Man

Davis, ayant pris l’habitude de travailler avec des comédiens de doublage et de prendre des actrices comme modèles, devient en peu de temps un maître de l’observation et de la capture des mouvements humains. S’ensuit alors une période florissante pour Marc qui obtient son titre de « Disney’s Ladies’ Man », grâce à l’animation des protagonistes féminins illustres de Disney. Pour l’aider à reproduire le plus fidèlement possible les poses et les attitudes de ses personnages, il fait appel à plusieurs actrices : Helen Stanley pour Cendrillon et la Princesse Aurore, Kathryn Beaumont pour Alice au pays des merveilles, Margaret Kerry pour la Fée Clochette. Marc ayant également besoin de voir comment les vêtements vont se mouvoir, il contacte son ancienne élève Alice Estes, qui, en quelques années, est parvenue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle est reconnue pour son talent et sa parfaite maîtrise des tissus. Il lui demande donc de confectionner le costume champêtre de la princesse en prenant exemple sur les concept arts qu’il a lui-même esquissés au début de la production. Ainsi, en collaborant avec ces modèles en costume, Davis a une vision claire des personnages qu’il anime au-delà de leur apparence : il sait comment ils se comporteront, comment ils bougeront et même ce qu’ils porteront. Un autre exemple de ce talent pour retranscrire les émotions humaines est la façon dont Davis a parfaitement capturé et articulé l’impertinence et le tempérament notoire de la Fée Clochette, pourtant muette. Tout son caractère ne passe qu’à travers sa pantomime et son expression faciale, le langage devenant alors superflu. Par ailleurs, les doubleuses de Maléfique, Aurore et Cruella d’Enfer ont toutes évoqué l’influence qu’elles ont exercée sur Davis pour l’animation de leurs protagonistes respectifs. Marie Costa — voix d’Aurore — a décrit son travail avec Davis chez Disney : « Marc s’asseyait dans la cabine de son avec son carnet et dessinait chacun de mes gestes et de mes expressions ». À l’époque où Hollywood ne reconnaît pas l’importance du doublage, Davis, lui, l’affirme, estimant que la voix est la chose la plus nécessaire au monde de l’animation.

– Les deux méchantes emblématiques de Davis

Si Marc a travaillé sur plusieurs personnages iconiques de Disney, une de ses grandes réussites reste sans conteste Maléfique de La Belle au bois dormant. Sorcière au caractère dominant et autoritaire, son timbre de voix a été le fil conducteur dont s’est inspiré Marc pour lui donner vie. Visuellement magnifique et théâtral, il l’a conçue comme un vampire géant, au maquillage sombre, aux traits forcés et anguleux, pour créer un visage terrifiant, même au repos. Durant les 5 ans de création artistique sur La Belle au Bois Dormant, les dessins de Marc ont atteint un niveau de perfection jamais tenté auparavant. Toute son habileté et son savoir-faire ont permis de créer l’une des villaines les plus marquantes de l’histoire du studio Disney et 65 ans plus tard, Maléfique reste l’une des antagonistes préférées, tous Disney confondus.

Une autre grande méchante de renom, très appréciée du grand public, porte aussi la patte de Marc : Cruella d'Enfer ! On y retrouve le style du dessinateur, caractérisé par une compréhension fine des déplacements et des sentiments humains. Ainsi, Cruella englobe toutes les qualités attendues de la part d’un méchant de Disney pour obtenir un chef-d’œuvre graphique : un design exagéré en adéquation avec des ambitions vraiment mauvaises, et un visuel plein de contrastes pour une présence imposante et dramatique à l’écran. Il a par ailleurs déclaré que sa plus grande inspiration était la prestation vocale de Betty Lou Gerson — la voix et le rire caractéristiques de Cruella — et que c’est à elle qu’on doit les hautes pommettes de Cruella.

– Les Imagineers : Du dessin animé aux attractions

Outre l’animation, Marc participe dès 1955 à l’élaboration des attractions présentées à l’inauguration du premier parc Disneyland d’Anaheim en Californie. Il développe notamment les personnages audio-animatroniques de Jungle Cruise et élabore des scénarios et des concepts liés aux protagonistes des autres attractions. En 1962, il est l’un des premiers à rejoindre l’équipe de Walt Disney Imagineering. Il s’agit d’une filiale de Disney où ses membres sont appelés Imagineers - mot qui peut se traduire en français par imaginieurs en contractant les deux mots « imaginaire » et « ingénieur ». Cette succursale est conçue pour mettre en œuvre le projet fou de Walt Disney : le premier parc à thème du monde, Disneyland. Plus de 2 000 personnes regroupant 140 corps de métiers contribuent à toutes les phases d’un même projet. Ce sont des ingénieurs, scénaristes, paysagistes, peintres, horticulteurs, financiers, etc., qui ensemble conçoivent, dirigent et font perdurer encore aujourd’hui les parcs à thèmes Disney de par le monde. Tous les talents sont rassemblés sous le nom d’une seule discipline : l’imaginiérie (ou imagineering en anglais). Au début des années 60, il travaille sur quatre projets d’attractions pour la Foire internationale de New York de 1964-1965, dont It’s a Small World et Great Moments with Mr. Lincoln. En parallèle, il étend sa carrière d’imagineer avec le développement de Pirates of the Caribbean, Haunted Mansion, des attractions d’Epcot et de Tokyo Disneyland.

– Fin de carrière

Après 43 ans passés au sein du studio Disney, Marc se retire de la société en 1978, mais reste en contact avec ses anciens collaborateurs. Il continue d’apporter son expertise à l’expansion d’Epcot Center et de Tokyo Disneyland. Toujours passionné par sa discipline, il s’intéresse de près à la nouvelle génération d’animateurs des années 90 et voit en elle le souffle inédit dont a besoin le studio Disney pour recouvrer sa gloire d’antan.

Tout au long de sa carrière, Marc Davis a reçu de nombreuses distinctions et a été intronisé au titre de Disney Legend pour l’ensemble de ses réalisations dans les techniques de l’animation et de l’imagineering.

– Héritage

La contribution de Davis à l’animation du studio Disney est indéniable. Sa maîtrise du dessin et de la peinture l’a conduit à devenir une figure incontournable dans son domaine. Son travail en étroite complicité avec les acteurs et les comédiens de doublage pour donner vie à ses personnages lui confère un statut à part, tout comme la reconnaissance de leur imputation quant au succès des films d’animation. Marc Davis restera illustre pour son approche innovante de l’animation, combinant un sens aigu des détails avec un design audacieux et des mouvements fluides. Son travail a influencé des générations d’animateurs et son héritage se perpétue encore aujourd’hui, à travers ses contributions aux parcs Disney, où ses créations continuent d’émerveiller des millions de visiteurs chaque année.

– Travail en tant que character design et/ou animateur

Marc Davis a travaillé sur les premiers longs métrages du studio Disney: Blanche-Neige et les Sept Nains (assistant-animateur), Bambi (storyboard et conception des personnages, responsable des jeunes Bambi, Pan-Pan et Fleur), Mélodie du Sud (Frère Renard tentant de faire cuire Frère Lapin), Coquin de printemps, Le Crapaud et le Maître d’école, Danny, le petit mouton noir (développement du scénario des séquences animées), Cendrillon (Cendrillon quittant le bal), Alice au Pays des Merveilles (scène du « Non-anniversaire »), Peter Pan (Wendy et la fée Clochette), La Belle au bois dormant (Maléfique et Aurore), Les 101 Dalmatiens (Cruella D'Enfer)...