L’animation en volume regroupe plusieurs techniques permettant de créer l’illusion d'un mouvement naturel sur des objets réels, dotés de volume.

Autrement appelée 3D réelle (ou Stop motion), l'animation en volume met en scène des marionnettes, des figurines ou des maquettes articulées, du papier plié, mâché, de la pâte à modeler, des jouets, et bien d’autres objets inanimés. Elle peut également s’appliquer à des sujets réels comme des animaux ou des humains, on parle alors de pixilation. Dans les deux cas, tout est enregistré par une caméra ou un appareil photo selon le principe de l’image par image. Entre chaque prise de vue d'une ou deux images, les objets de la scène sont légèrement déplacés ou transformés.

Le français Georges Méliès, considéré par beaucoup comme le papa de la science-fiction (Le Voyage dans la Lune), joue un rôle important dans l’histoire du cinéma d’animation en tant que pionnier des trucages, et notamment pour l’usage qu’il fait dans ses films de la pixilation. Le trucage lui permet de créer des escamotages et des métamorphoses, comme on peut l’apercevoir dans ses films Escamotage d’une dame au théâtre Robert-Houdin (1896), et dans Le Château hanté (1897). L'effet spécial repose sur l’essence même de l’animation.

Sur le même principe, quelques autres réalisateurs adoptent la technique de la pixilation, comme le Français Segundo de Chomón dans son film Hôtel électrique (1908) où tous les objets semblent être gouvernés par des forces mystiques.

En 1935, le Russe Alexandre Ptouchko innove avec Le Nouveau Gulliver en associant les prises de vues réelles à l’animation de marionnettes. Malgré son succès international, le film n’a pas été distribué en France.

Ladislas Starewitch réalise Le Roman de Renard et donne ses lettres de noblesse à l’animation de marionnettes. Le film sort en Allemagne en 1937, et en France en 1941.

En République Tchèque, Jií Trnka popularise la technique de l’animation en volume dans les années 1940 et 1950 dans des courts et des longs métrages. L'un de ses plus appréciés est Les Vieilles Légendes Tchèques de 1952.

Certains réalisateurs de film en prises de vues réelles optent aussi pour les avantages de l’animation en volume pour leurs effets spéciaux. King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack bénéficie d’une part considérable d’animation en volume, entre autres trucages.

Bien plus tard, le film Jason et les Argonautes de Don Chaffey marquera les esprits avec ses squelettes animés.

L’animation en pâte à modeler est popularisée aux États-Unis par Art Clockey avec son personnage Gumby, créé en 1955. Ce dernier fait l’objet d’un long métrage en 1995, Gumby: The Movie.

L’animation de sable est parfois associée à l’animation en volume. Le château de sable de Co Hoedeman est sans doute l’exemple le plus parlant de cette combinaison.

L’œuvre la plus appréciée dans le domaine est certainement L’étrange Noël de Monsieur Jack de Henry Selick, coproduite par Disney (depuis sa filiale Touchstone). Le film propose une ambiance gothique, une atmosphère qui s’inscrit presque comme un genre nouveau, une sorte de marque de fabrique pour son scénariste et coproducteur, le talentueux Tim Burton. Toujours dans le même registre, Henry Selick réalise le film fantastique très réussi, Coraline. De son côté, Tim Burton (qui collabore pour l’occasion avec Mike Johnson) réalise Les Noces funèbres, un mélodrame d’outre-tombe.

Fantastic Mr. Fox de Wes Anderson est également très apprécié par la critique. Malgré un succès commercial modeste lors de sa sortie en salle l’œuvre a su finalement s’imposer comme un incontournable du genre.

La Grande Aventure LEGO de Phil Lord et Christopher Miller utilise l’animation en volume pour donner vie aux petites pièces en plastique de la marque. L’emploi de la technique est combiné à de l’animation 3D pour un résultat visuel sublime.

Mary et Max. de Adam Elliot, utilise la pâte à modeler pour nous raconter une amitié par correspondance des plus originales.

Et comment ne pas citer l’excellent L’Île aux chiens de Wes Anderson, une œuvre américaine fortement imprégnée par le cinéma japonais, déroulant un discours politique empreint de poésie.

Mais la technique connait un succès plus large et populaire grâce aux Anglais du studio Aardman, créateurs de la série Wallace & Gromit et du film Chicken Run (coproduit par DreamWorks) de Peter Lord et Nick Park, qui dans les années 2000 apparait comme un objet de curiosité. Le studio produit ensuite Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou (réalisé par Nick Park et Steve Box), une référence oscarisée de l’animation en pâte à modeler.

Le Français Claude Barras met à l'honneur la technique dans son film largement récompensé Ma vie de Courgette.

Enfin, on se doit de mentionner Dark Crystal de Jim Henson (le papa des Muppets) et Frank Oz. Cette œuvre de fantasy, mal accueillie lors de sa sortie, est depuis les années 2000 reconnu comme un grand classique du genre.

L’animation en volume, qui se distingue fortement des autres techniques grâce à ses qualités visuelles uniques, étonne par son originalité et son authenticité. Si elle était peu employée durant les années 80 et 90, elle est remise au gout du jour en ce début de siècle grâce à des productions d’exceptions qui offrent au genre un panel diversifié d’œuvres des plus gratifiants.