Histoire du Cinéma d'Animation: Les pionniers du dessin animé

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Histoire du Cinéma d'Animation: Les pionniers du dessin animé

Dossier rédigé par Guillaume

 

Cette deuxième partie explore l'émergence et l'évolution fascinante du dessin animé, depuis les premiers pas de pionniers comme James Stuart Blackton et Émile Cohl jusqu'à l'essor des séries comiques emblématiques des frères Fleischer et de Walt Disney.

 

Les Dessins animés

Premier dessin animé sur support argentique (pellicule photographique), Humorous phases of funny faces est réalisé en avril 1906 par le Britannique James Stuart Blackton. Composés de dessins sommaires tracés à la craie sur un tableau noir, le film est avant tout un exercice de style. Par la suite, le réalisateur découvre l’animation en volume et la pixilation, avec son film L’Hôtel hanté (1907).

En 1908, le Français Émile Cohl se lance à son tour dans l’animation avec son film Fantasmagorie, qui sera suivie d’une multitude d’autres petites créations aussi variées les unes que les autres. Son originalité, aussi bien technique qu’artistique, et son talent, lui a fait gagner une notoriété de précurseur dans le domaine, tant et si bien qu’il est parfois considéré comme l’inventeur du dessin animé, aux dépens de son confrère anglais Blackton.

 

Humorous phases of funny faces et Fantasmagorie
Humorous phases of funny faces - James Stuart Blackton - 1906 (à gauche) / Fantasmagorie - Émile Cohl - 1908 (à droite)

 

L’émergence des séries comiques

L’américain Winsor McCay, créateur de la bande dessinée Little Nemo in Slumberland (1905), est le premier réalisateur à mettre en scène un personnage à la personnalité attachante dans son film Gertie le dinosaure, sortie en 1914. Son oeuvre aurait influencé les premiers films de Max Fleischer, de Osamu Tezuka, et même de Walt Disney en personne. Il est aussi l’un des pionniers de l’utilisation de la boucle, un mouvement qui se répète afin de ne pas avoir à le redessiner, ainsi que du système de poses clés, qui consiste à dessiner les phases importantes d’un mouvement avant ses intervalles.

 

Gertie le dinosaure
Gertie le dinosaure - Winsor McCay - 1914

 

Le dessin animé est la branche de l’animation qui connait le plus gros succès populaire avec l’émergence des premières séries comiques. En 1919, les frères Fleischer réalisent la série Out of the Inkwell, mettant en scène Koko le clown, pour le compte de J.R. Bray Studios. Le succès de cette série leur donne l’ambition de créer leur propre studio en 1921, qui se fit très rapidement une réputation d’excellence technique et créative, grâce notamment à leur sulfureux personnage de Betty Boop (1930) et leur adaptation de Popeye (1933).

Félix le chat (1919), créé par Otto Messmer et produit par Pat Sullivan, devient une véritable star mondiale, rivalisant même avec la popularité de Charlie Chaplin et son célèbre Charlot.

 

Koko le clown, Betty Boop et Félix le chat
Betty Boop: Snow White - Dave Fleischer - 1933 (à gauche) / Felix the Cat - April Maze - Otto Messmer - 1930 (à droite)

 

Walt Disney s’apprête à bousculer le monde du dessin animé, mais pour l’heure il se démène avec ses séries Laugh-O-Gram (1922), Alice Comedies (1924), Oswald le lapin chanceux (1927), et toutes ses difficultés financières. Heureusement s’ensuit la création salvatrice de l’indémodable Mickey Mouse (1928), qu’on ne présente plus.

 

Alice Comedies et Oswald le lapin chanceux
Alice's Wild West Show - Walt Disney - 1924 (à gauche) / Oswald le lapin chanceux - Trolley Troubles - Walt Disney - 1927 (à droite)

 

S’il n’est pas le premier épisode de la célèbre souris aux grandes oreilles, Steamboat Willie (1928) marque la naissance officielle du personnage de par l’accueil enthousiaste que lui réserve le public, et le bénéfice de sa bande sonore synchronisée contribue à son succès. Le film est réalisé par Walt Disney et son célèbre chef animateur, Ub Iwerks, à qui l’on doit l’apparence de Mickey Mouse.

Le maitre de l’animation continue de déployer sa créativité avec les Silly Symphonies (1929), des dessins animés musicaux novateurs et enchanteurs.

 

Steamboat Willie  et La danse des squelettes
Mickey mouse - Steamboat Willie - Walt Disney, Ub Iwerks (à gauche) / Silly Symphonies - La Danse macabre - Walt Disney - 1929 (à droite)

 

Tex Avery débarque et impose son style burlesque dans les années 1930 et 1940, mais ce n'est que plus tard, entre 1940 et 1950, qu’il connait une carrière prolifique avec sa ribambelle de toons mémorables, tels que Daffy Duck dans le film Porky’s Duck Hunt (Porky va à la chasse) (1937), Bugs Bunny dans A Wild Hare (Un chasseur sachant chasser) (1940), ou Droopy dans Dumb-Hounded (Droopy fin limier) (1943).

 

Porky va à la chasse
Porky va à la chasse - Tex Avery - 1937

 

L’Animation traditionnelle

L’animation traditionnelle implique avant tout que chaque dessin soit réalisé à la main (cela exclut donc les dessins numériques ainsi que les techniques en volume). Le terme animation plane, ou 2D, intègre le dessin, la peinture sur verre, le sable ou encore le papier découpé. Quel que soit le procédé utilisé, la représentation est ensuite photographiée ou filmée par une caméra.

L’animateur réalise le dessin de l’objet à animer dans chacune de ses phases de mouvements décomposé en plusieurs positions. Il était d’usage d’en faire 16 à l’époque du cinéma muet, et 24 depuis le cinéma sonore. Les feuilles de dessins passent ensuite sous l’objectif de la caméra, les uns après les autres, image par image, afin d’obtenir de leur défilement l’illusion du mouvement. Pour aider à la pratique, de nombreux outils furent fabriqués au fil des années.

 

Photographie d'un animateur au travail.
L'animateur John Lounsbery

 

Les Outils de l’animation traditionnelle

La règle à tenons, qui a été mise au point par le Canadien Raoul Barré en 1912, est un système permettant d’immobiliser les feuilles de dessins grâce à une barre composée de chevilles sur lesquelles peuvent être insérées les feuilles préalablement perforées de trous. Plusieurs feuilles peuvent alors être placées l'une par-dessus l'autre de façon à pouvoir se fier au dessin précédent pour réaliser le dessin suivant. L’outil est généralement utilisé avec une table lumineuse.

La technique du celluloïd, inventé par John Randolph Bray et Earl Hurd en 1914, permet de combiner le sujet animé et le décor peint, qui lui reste statique. Les dessins sont effectués à la main sur une feuille transparente, le celluloïd, et les couleurs y sont ajoutées au verso. Le matériau permet aussi de combiner plusieurs sujets animés pour des scènes plus complexes.

En 1915, Max Fleischer, qui se distinguera bientôt dans le milieu de l’animation avec son frère associé, dépose le brevet du dispositif de la rotoscopie permettant de reproduire avec plus de réalisme la dynamique des mouvements. Le rotoscope projette par rétroprojection sur une vitre dépolie chaque image d’un modèle filmé. L’animateur, après avoir posé son celluloïd de l’autre côté de la vitre, n’a alors plus qu’à recopier ce qu’il voit.

Le processus de fabrication d’un dessin animé se standardise rapidement autour des mêmes techniques qui deviennent naturellement la forme dominante de cet art sous la dénomination Animation traditionnelle, ou Animation 2D (depuis l’avènement des techniques numériques).

 

La technique du celluloïd et de la rotoscopie
Celluloïd pour le film Blanche-Neige et les sept nains - Walt Disney Pictures (à gauche) / Schema d'un rotoscope (à droite)

 

La Production

La conception d’un dessin animé se concrétise en plusieurs étapes avec la contribution de plusieurs artistes et techniciens.

Le réalisateur envisage l’ensemble du récit et dirige la fabrication de l’œuvre. Il participe parfois au suivi de l’écriture du scénario lorsqu’il n’est pas entièrement confié à un scénariste. Selon les indications du story-board (s'il y en a un), les animateurs dessinent le projet sur du papier calque, et déterminent les mouvements des sujets. Les intervallistes sont les assistants des animateurs, ils interviennent après eux pour composer les dessins intermédiaires entre chaque position clé. Une fois les dessins validés, les cleaners les mettent au propre en les reproduisant à l’encre de Chine sur les celluloïds. S’ensuit l’étape de colorisation durant laquelle les coloristes peignent les envers, souvent à la gouache. Enfin, les celluloïds sont photographiés sur un banc d’animation, image par image.

 

Exemple de Story-Board
Storyboard du film La Petite Sirène - Walt Disney Pictures

 

La partie trois de ce dossier, Les premiers longs métrages d'animation, est à découvrir ici.

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