Les Voyages de Gulliver
Les Voyages de Gulliver
Infos techniques du film d'animation "Les Voyages de Gulliver"
Titre original
Durée
Date de sortie en France
Pays d'origine
Réalisation
Société de production
Budget
Synopsis du film d'animation "Les Voyages de Gulliver"
Une nuit de forte tempête, un navire coule et Gulliver, l’un des marins, réussit à atteindre une plage où il s’endort, épuisé. Un veilleur de nuit du royaume des nains de Lilliput le découvre et part avertir son roi. Celui-ci vient de se fâcher avec son voisin, le roi Bombo de Blefuscu, dont le fils David devait épouser sa fille Glory et depuis la guerre est déclarée entre les deux royaumes. Tout Lilliput se mobilise pour ficeler le « géant » et le transporter jusqu’au palais. Mal accepté au début, Gulliver deviendra finalement l’allié des Lilliputiens.
Critique du film d'animation "Les Voyages de Gulliver"
Quand Gulliver tente de concurrencer Blanche-Neige
Les Frères Fleischer adaptent le roman de Jonathan Swift pour leur premier long métrage d’animation (le deuxième produit par un studio américain), mais ils commettent l’erreur d'essayer de reproduire le style standardisé par Walt Disney au lieu de se distinguer avec leurs propres atouts. En effet, tout dans Les Voyages de Gulliver apparaît téléphoné sur le chef-d’œuvre Blanche-Neige et les sept nains, tant sur le fond comme sur la forme. Pire encore, le film des frères Fleischer ne parvient jamais à rivaliser avec ce dernier. On croirait presque que la production n’avait qu’un seul mot d’ordre lors de la création du long métrage, égaler le maître d’œuvre, au détriment d’une originalité et d’une audace propre aux studios, qui pourtant ne manquait pas de compétences et d'expérience.
Les points forts
Qu’on se le dise, le film est brouillon, mais il ne manque pas d’un certain charme désuet, bien appréciable depuis notre époque. Aussi, au milieu de ce grand miasme d’imperfection, certaines séquences sont tout de même très réussies, comme la scène de la capture de Gulliver sur la plage qui bénéficie d’un traitement poétique des plus appréciables. Le contraste entre le peuple minuscule et le géant est très joliment présenté. L’esthétique globale de l’œuvre, les décors, les couleurs témoigne d'une époque de tâtonnement créatif très intéressant. On se surprendra à redécouvrir l’œuvre comme un objet pédagogique, davantage guidé par la curiosité que par le plaisir. Quelques effets visuels ne manquent pas d’idées, et le film, bien que décevant, demeure novateur, notamment dans l’emploi de la technique de la rotoscopie.
Les points faibles
Malheureusement, les qualités sont très vite éclipsées par les nombreux défauts. Pour commencer, le film nous ennuie rapidement en raison d'un gros manque de lisibilité et de vision. Les images semblent baigner dans une grande confusion artistique, le résultat est étrange, parfois inquiétant, parfois carrément oppressant. On regrettera cette atmosphère morne, grise, en contradiction directe avec les prétentions de divertissement de l’œuvre. Toutes les idées empruntées à Blanche-Neige et les sept nains sont autant de défauts, car ils sont exploités avec un grand manque de précision, de délicatesse et une absence totale de magie. Ainsi la princesse et le prince ont des visages complètement ratés, qui changent de traits, et par conséquent d’identités visuelles, au fil des séquences. Le contraste entre leurs designs et celui des autres personnages aux allures cartoonesque saute aux yeux et pénalise le rendu global de toute l’animation.
L’emploi de la technique de la rotoscopie a beau être novateur, il n’en demeure pas moins grossier. Le personnage de Gulliver, qui est purement et simplement décalqué à partir des mouvements d'un véritable acteur, ne s'harmonise pas du tout avec l’animation des autres personnages. Aussi on a parfois l’impression de voir un véritable comédien se mouvoir dans un univers animé (comme s'il s'agissait là de l’émergence du film hybride avant l’heure).
Les chansons du film ne sont pas traduites en français, ce qui se solde par des personnages qui changent de voix lorsqu'ils poussent la chansonnette. Lors de ces passages, l'ennui sera au rendez-vous pour tous ceux qui ne comprennent pas l'anglais.
Le rythme est lent et l'histoire manque d'originalité. Passé le moment de la capture de Gulliver, le scénario devient monotone. L’émotion ne prend pas. L’identité des personnages est grotesque. Les dialogues sont lunaires, et les doublages sont chaotiques, d'ailleurs on ne comprend pas toujours ce qui se raconte. L’humour n’est jamais efficace. Au final, c’est tout le spectacle qui apparaît comme complètement bancal.
En conclusion
Décevants, ces Voyages de Gulliver ne peuvent échapper à la comparaison d’avec les premiers Classiques Disney, puisque étant sortis à la même période. Le bilan est sans appel: le résultat n’est pas à la hauteur de la qualité technique et scénaristique déjà imposé par le concurrent. Le studio Fleischer, qui aurait dû s’implanter comme la principale alternative aux dessins animés Disney, peine à rivaliser et laissera tout le loisir au futur géant du secteur de briller durant les générations futures (et encore aujourd'hui). Le studio a depuis longtemps disparu, mais le film, lui, demeure, comme un antique et fastidieux témoignage de la difficulté de produire un long métrage d’animation en ce fabuleux âge d’or.