Animation sans caméra

Illustration d'animation sans caméra: La Plante Humaine

Animation sans caméra

L’animation sans caméra désigne une technique d’animation d’image par image avec des modifications physiques sur support pelliculaire d’un film. Autrement dit, les dessins sont directement inscrits sur le support film.

 

C’est le français Émile Reynaud qui découvre la technique grâce à son Théâtre optique, un dispositif qui permet de projeter sur un écran des vignettes peintes.

 

Thèâtre optique d'Emile Reynaud
Théâtre optique d'Émile Reynaud

 

Dans le cas d’une image cadrée, les motifs sont reproduits sur chaque photogramme.

Au début du XXe siècle l’animation demeure un espace d’expérimentations, et des artistes avant-gardistes exploitent de nouvelles possibilités à travers le monde, comme le réalisateur James Stuart Blackton qui, en 1906, utilise ce procédé pour réaliser Humorous Phases of Funny Faces, le premier dessin animé sur pellicule photographique.

 

Humorous phases of funny faces
Humorous phases of funny faces - James Stuart Blackton - 1906

 

Norman McLaren expérimente, lui aussi, des techniques d’animation sans caméra : le grattage de pellicule, la peinture sur pellicule, et, plus étonnant encore, la peinture du son sur pellicule, qui consiste à composer la musique en grattant la piste sonore optique.

 

Norman McLaren pratiquant le grattage de pellicule
Norman McLaren pratiquant le grattage de pellicule

 

Dans le cas d'une image non cadrée, il s'agit d'appliquer des textures ou une série de motifs sur de longues bandes de pellicule, ce qui génère des variations abstraites de formes et de couleurs.

La technique est appliquée de nombreuses fois par Norman McLaren, notamment dans Caprice en couleurs.

 

Caprice en couleurs
Caprice en couleurs - Norman McLaren - 1949

 

La gravure sur pellicule est une technique utilisant un film noir ou coloré dans la masse que l'on gratte à l'aide de divers instruments. Elle fait partie de l'animation sans caméra, au même titre que le dessin ou la peinture.

Le Néo-Zélandais Len Lye utilise cette technique dans son film Free Radicals, entamé en 1958 et terminé en 1979, soit après vingt et un ans de travail.

 

Free Radicals
Free Radicals - Len Lye - 1979

 

Enfin, citons La Plante humaine de Pierre Hèbert, un long métrage expérimental, sorti en 1996, mêlant prises de vues réelles et gravure sur pellicule pour un résultat des plus surprenants.

 

La Plante Humaine
La Plante Humaine - Pierre Hèbert - 1996

 

La technique n’est pas des plus répandus, et pour cause, elle n’a jamais été standardisée et demeure encore aujourd’hui un terrain d’expérimentation. Intrinsèquement liée aux origines du cinéma, elle n’aura pas su s’émanciper d'un rendu visuel quelque peu désuet et conceptuel, malgré l'énorme potentiel créatif qu'elle permet. Les œuvres d’animation sans caméra sont très élitistes, en ne s’adressant qu’à un public de grands passionnés (ou de curieux), en raison de sa forme souvent proche de l’abstrait, minimaliste, voire de l'inachevé, et d’un mode de production long et fastidieux qui ne facilite ni un développement plus large dans l’industrie ni l’expansion de la discipline auprès des artistes.

 

Mothlight
Mothlight - Stan Brakhage - 1963

 

Films associés

1998
25/03
La Plante Humaine
Cinéma
Arcadia Films