Si Spider-Man : New Generation avait tant marqué les esprits, c’était d’abord pour la qualité novatrice de son animation. Ce mélange des genres, entre 2D et 3D, intégrant des onomatopées, des phylactères et même des couvertures de comics, avait séduit son public en l’immergeant d’une manière surprenante dans l’univers graphique d’un vrai comic de l’univers Spider-Man. C’est à nouveau le cas ici, pour un résultat explosif et renversant. Les producteurs Phil Lord et Chris Miller tiennent leur promesse de nous offrir un film encore plus fou en nous proposant un mélange de six styles d’animation, tous très maîtrisés. Rarement l’exploitation du multivers à l’écran aura été aussi juste, tant la variété des styles graphiques (à laquelle fait écho une belle bande-son, joyeusement éclectique) permet de mieux mettre en avant l’interconnexion des mondes ainsi mis en scène, chaque monde ayant une identité forte.

Mais si Spider-Man : Across the Spider-Verse est un régal visuel de tous les instants, le plus beau, c’est que les créateurs savent mettre leur savoir-faire technique au service d’une intrigue pleinement dramatique, qui explore les fêlures de ses différents personnages. Exploitant à merveille les changements de couleurs en arrière-plan, on suit ainsi avec une grande limpidité narrative les états d’âme de personnages en quête d’identité, de justice ou de rédemption. Bien plus que son prédécesseur, le film de Joaquim Dos Santos et Kemp Powers parvient à mettre en avant les tourments intérieurs de ses multiples personnages, sans pathos, toujours avec beaucoup d’émotion, conférant au récit une gravité inattendue, qui culmine dans un final à la puissance tragique impressionnante.