Le Royaume des abysses
Le Royaume des abysses
Infos techniques du film d'animation "Le Royaume des abysses"
Titre original
Durée
Date de sortie en France
Pays d'origine
Réalisation
Société de production
Synopsis du film d'animation "Le Royaume des abysses"
Shenxiu, une fillette de 10 ans, est aspirée dans les profondeurs marines durant une croisière familiale. Elle découvre l’univers fantastique des abysses, un monde inconnu peuplé d’incroyables créatures. Dans ce lieu mystérieux émerge le Restaurant des abysses, dirigé par l’emblématique Capitaine Nanhe. Poursuivis par le Fantôme Rouge, leur route sera semée d’épreuves et de nombreux secrets. Leur odyssée sous-marine ne fait que commencer.
Critique du film d'animation "Le Royaume des abysses"
Le Royaume des Abysses s’inscrit aux côtés de Green Snake ou de la série de films New Gods dans le registre d’une nouvelle vague du cinéma d’animation chinois. Second long métrage du réalisateur Tian Xiaopeng, il a nécessité 7 ans de travail et la participation d’environ 1500 personnes. Shenxiu est une jeune fille vivant dans une situation familiale difficile. Sa mère ayant quitté le foyer, elle se retrouve seule avec son père, sa nouvelle belle-mère et un demi-frère dont elle est l’aînée. Profondément désespérée par le manque de sa véritable mère, elle peine à garder du contact avec elle par tous les moyens, cherchant continuellement à la revoir. Lors d’un voyage organisé par sa famille en bateau, une tempête surgit et envoie Shenxiu dans le creux des abysses pour une aventure merveilleuse.
Les points forts
En utilisant avec habileté les codes de l’animation chinoise, le film narre de manière utopique un sujet important et sensible souvent ignoré, la dépression infantile. En effet, à travers un visuel inégalable liant explosion de couleurs, dégradé à la manière de l'artiste Zhang Daqian et jeux de lumières éblouissants, l’héroïne traverse les abysses pour retrouver sa mère qu’elle avait promis de ne jamais quitter pour soigner sa profonde solitude. Un voyage à travers la culture chinoise autant artistique que gastronomique qui dépeint les stéréotypes des abysses sombres et froids, craints par les personnes atteintes de thalassophobie (peur intense de la mer).
L’écran n’est jamais vide. Il y a toujours un coin à admirer. Les décors sont surchargés. On y retrouve même une légère présence d’animation 2D durant les scènes d’action, qui deviennent alors des feux d’artifice. En ce qui concerne la caractérisation visuelle des personnages, leur animation est plus que fluide. Les expressions du visage sont ultra détaillées, voire même exagérées, en particulier sur le personnage de NanHe, le restaurateur déjanté et cupide accompagnant Shenxiu dans sa quête. D’abord présenté comme un obstacle, il devient ensuite une figure réconfortante pour la jeune fille. Nous pouvons même lier cette idée au fait qu’il soit souvent représenté avec un maquillage de clown.
Les points faibles
Le film témoigne d’une certaine légèreté narrative. Effectivement, sans ces animations bluffantes, le film serait probablement qualifié de pâle copie du Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki. Les inspirations aux studios Ghibli sont trop visibles. Le Royaume des Abysses ne pourrait être qu’une version mieux réussie de ce qui avait été tenté pour Aya et la Sorcière. Trop de questions restent sans réponse pendant une grande partie du film : pourquoi Shenxiu n’a-t-elle pas l’air si surprise de voir des animaux marins parler ? Pourquoi le chef du navire est-il humain comme elle ? Bien évidemment, la réponse est donnée, mais aucun indice ne nous aide à chercher par nous-mêmes. Ce n’est que métaphore sur métaphore avec des personnages, certes bien animés, mais déséquilibrés. Shenxiu est le centre de l’aventure. Néanmoins, NanHe lui vole la vedette par son excentricité et les mystères qu’il regorge. Shenxiu, elle, n’a le droit qu’à un objectif qu’elle suit tout du long, au point d’en faire sa personnalité. La recherche de sa mère est citée dès qu’elle parle. De plus, la fin est précipitée. Le retournement de situation choisi est facile et aucunement original.
En conclusion
Véritable bijou du cinéma d’animation chinois par son audace visuelle et le sujet qu'il aborde, Le Royaume des Abysses joue habilement avec les figures marquantes de l'enfance tout en brisant les codes traditionnels des profondeurs marines, souvent associées à des tons bleus glacials et une ambiance lugubre. Cependant, l’œuvre s'appuie trop sur la qualité de son animation pour masquer ses lacunes scénaristiques. L'intrigue stagne autour d'un seul objectif, sans offrir de véritables sous-intrigues, et l'équilibre entre les personnages reste maladroit. Malgré ces défauts, le film saura séduire les amateurs du genre et pourrait aussi attirer un nouveau public vers le cinéma d’animation chinois, riche en potentiel. Il parvient également à sensibiliser le spectateur à la dépression infantile à travers une aventure euphorique magnifiquement animée.