Fantasy
Fantasy
Dossier rédigé par Guillaume
Au cinéma, la fantasy est un genre qui se caractérise par l'introduction d'éléments surnaturels dans des mondes imaginaires ou des réalités alternatives. Qu'il s'agisse de magie, de créatures fabuleuses ou de quêtes mystiques, la fantasy transporte le spectateur dans un univers où les lois du quotidien sont remplacées par celles de l'imaginaire. Le genre est souvent associé à des récits d'aventure, des contes de fées ou des légendes, et se distingue par la richesse de ses univers et la créativité de ses scénarios.
Fantasy ou Fantastique ?
Dans le cinéma traditionnel, le fantastique se distingue par des œuvres où des éléments surnaturels sont introduits dans un cadre réaliste, souvent pour susciter l'étonnement, la peur ou l'ambiguïté. Des films tels que Le Sixième Sens (1999) de M. Night Shyamalan ou Les Autres (2001) d'Alejandro Amenábar incarnent parfaitement ce genre, où le surnaturel s'immisce dans la réalité et laisse les personnages, et parfois le spectateur, en proie au doute quant à la nature des événements.
Cette approche est extrêmement rare dans les films d'animation. Le genre fantastique, s'il peut être suggéré, reste difficile à délimiter dans ce domaine, car la majorité des films d’animation intégrant des éléments magiques ou surnaturels voient ces aspects rapidement acceptés par les personnages. Cette intégration sans questionnement rend la distinction entre fantasy et fantastique floue, car la magie devient une composante organique de l'histoire. Contrairement au cinéma traditionnel, où le fantastique maintient souvent un doute sur la réalité des phénomènes, l'animation adopte généralement des univers où le surnaturel est une évidence. Cela ancre ainsi la majorité des films d’animation dans le domaine de la fantasy.
La différence n'est pas évidente à distinguer. Pour prendre un exemple, citons La Belle et la Bête (1991), classé dans la fantasy en raison de ses éléments magiques tels que la malédiction transformant le prince en bête et les objets du château prenant vie. Les personnages, comme Belle, acceptent cette situation sans trop de scepticisme, ce qui est typique de la fantasy. Pour que La Belle et la Bête soit davantage ancré dans le fantastique, il aurait fallu intégrer des éléments qui suscitent le doute quant à la nature des événements. Par exemple, Belle pourrait exprimer plus de scepticisme, voire de peur, face aux manifestations magiques et à la transformation du prince. Des séquences remettant en question sa perception de la réalité, ou des indices subtils créant une ambiguïté sur la nature de la malédiction, auraient pu renforcer cette approche. Cependant, ces éléments de doute et d'incertitude sont rarement exploités dans les films d'animation, surtout ceux destinés à un public familial, où l'acceptation du merveilleux est souvent plus directe.
C'est pourquoi, sur CinéAnimation, nous avons choisi de ne pas distinguer strictement la fantasy du fantastique. Si l'on suit de manière littérale la définition de ces genres, il s'avère que la plupart des films d'animation classés comme fantastiques devraient en réalité être considérés comme de la fantasy. En effet, la classification de ces deux genres résulte souvent d'une erreur d'interprétation en raison de leur grande similitude ou, parfois, d'une simplification rédactionnelle.
À la lisière du Fantastique
Bien que la dimension fantastique soit souvent édulcorée dans les films d'animation, certaines œuvres parviennent à l'intégrer de manière significative en jouant sur l'ambiguïté entre le réel et le surnaturel, et bien souvent cela concerne les films déclinés du genre horreur/épouvante.
Monster House (2006) raconte l'histoire de trois enfants qui découvrent que la maison de leur voisin est vivante. Le film flirte avec la frontière entre l'ordinaire et le surnaturel, bien que l'histoire s'oriente vers une acceptation du fantastique, le rendant finalement plus proche de la fantasy.
Coraline (2009), de Henry Selick, est sans doute l'exemple le plus parlant de cette proximité. Bien que le début du film évoque le fantastique en introduisant un monde parallèle inquiétant, l'histoire évolue vers la fantasy lorsque l'héroïne accepte et s'adapte aux règles de ce monde magique.
L’Étrange pouvoir de Norman (2012) du studio Laika et Frankenweenie (2012) de Tim Burton explorent également des récits qui commencent avec des éléments fantastiques, mais où les personnages intègrent rapidement l'étrangeté des événements, ce qui les ancre eux-aussi dans la fantasy.
L'Animation : Le domaine parfait de la Fantasy
L'animation est un terrain fertile pour la fantasy grâce à sa capacité à créer des mondes imaginaires sans les contraintes des effets spéciaux en prises de vue réelles. La fantasy animée peut aller du conte de fées traditionnel aux récits épiques et complexes, permettant aux créateurs de s'exprimer librement.
La fantasy est omniprésente dans le domaine de l'animation, au point qu'il est difficile d'en extraire les meilleurs exemples tant ils sont nombreux et variés. L'animation permet de raconter des histoires où l'impossible devient possible, ce qui en fait un genre quasiment incontournable. Des œuvres comme Le Voyage de Chihiro (2001) de Hayao Miyazaki représentent le sommet de la fantasy animée avec des univers complexes et magiques. À l'autre extrémité de l'éventail, des films tels que Stuart Little (1999) ou Paddington (2014) intègrent des éléments de fantasy de manière plus subtile à travers leurs personnages anthropomorphes qui dans un contexte normal ne devraient pas évoluer avec les humains.
Dans la pure lignée de la Fantasy
De nombreux films d’animation incarnent fidèlement la fantasy dans son sens premier, avec des quêtes héroïques et des créatures magiques.
La Dernière Licorne (1982) raconte l'histoire d'une licorne partant en quête de ses semblables disparus. Taram et le Chaudron magique (1985) de Disney est un autre exemple, proposant un univers de fantasy pure, bien que souvent sous-estimé. Les Contes de Terremer (2006) de Goro Miyazaki met en scène un monde peuplé de dragons et de magiciens. La franchise Dragons (2010-2019), de DreamWorks, explore la relation entre des jeunes Vikings et des dragons.
La Fantasy à toutes les sauces
La fantasy est souvent associée à d'autres genres comme la comédie ou le drame.
Nausicaä de la vallée du vent (1984) de Hayao Miyazaki utilise la fantasy pour enrichir un récit qui explore des thèmes écologiques et philosophiques. Ernest et Célestine (2012) est un autre exemple où des éléments de fantasy se mélangent à une histoire simple et poétique. My Little Pony: Le film (2017) intègre des quêtes et des créatures magiques, tout en restant léger et coloré.
La fantasy peut aussi prendre des formes inattendues, comme dans Robots (2005). Bien que souvent classé comme un film de science-fiction, le film intègre des éléments de fantasy à travers un monde où les machines possèdent des émotions et des comportements humains, créant ainsi un univers où le merveilleux se mêle à la technologie.
La fantasy peut également s'inviter dans des contextes surprenants, comme dans Cars: Quatre roues (2006) des studios Pixar, qui met en scène un monde peuplé de véhicules anthropomorphes.
De même, elle trouve sa place dans Le Monde secret des Emojis (2017), où les célèbres icônes numériques prennent vie et interagissent dans un univers caché au sein des smartphones.
La fantasy dans l'animation est omniprésente, dès qu'une étincelle de magie, un monde imaginaire ou un concept farfelu apparaît à l'écran. Il serait presque plus simple de recenser les œuvres animées qui n'appartiennent pas à ce genre, tant elles sont rares en comparaison. La richesse et la diversité de la fantasy imprègnent tellement l'animation qu'elle en devient une composante naturelle et quasi-incontournable.