Documentaire
Documentaire
Dossier rédigé par Guillaume
Le documentaire est un genre cinématographique et télévisuel qui se distingue par sa volonté de capturer et de restituer la réalité de manière informative, pédagogique ou introspective. Contrairement à la fiction, il s’appuie sur des faits, des témoignages et des images réelles pour éclairer un sujet, raconter des événements historiques ou explorer des thèmes complexes.
Le Documentaire animé
Avec l’évolution des techniques et des attentes du public, le documentaire s’est diversifié, adoptant des formes hybrides pour raconter des histoires de manière plus immersive et inventive. Parmi ces formes, on trouve le docu-fiction, qui intègre des éléments de narration propres à la fiction pour enrichir la dimension dramatique, et le documentaire animé, qui s'est imposé comme un sous-genre fascinant. Alliant les avantages de l'animation à la rigueur documentaire, ce format permet d'explorer des sujets complexes ou dépourvus d'images d'archives visuelles. L'animation offre la possibilité de retranscrire des souvenirs, des témoignages ou des événements historiques d'une manière qui transcende les contraintes du cinéma traditionnel, rendant les récits à la fois plus accessibles et captivants.
Les origines du documentaire animé
Le mariage de l'animation et du documentaire débute en 1918 avec Le Naufrage du Lusitania de Winsor McCay. Cette œuvre reconstitue l'attaque du paquebot britannique, torpillé par les forces allemandes en 1915. Considéré comme le premier documentaire animé de l'histoire du cinéma, ce film démontre comment l'animation peut illustrer l'invisible et raconter des histoires où les images d'archives font défaut.
Documentaires animés notables
En 1941, Le Dragon récalcitrant de Hamilton Luske et Alfred L. Werker présente l’envers du décor du Studio Disney de Burbank, à la manière d’un documentaire ponctué de cartoons.
René Laloux réalise le court métrage Les Temps morts en 1964. L’œuvre mêle les prises de vue réelles à l’animation, le tout en noir et blanc, dans un pamphlet politique dont le but est de dénoncer le cercle vicieux de la violence de l’humanité.
Pica-don, un court métrage japonais de Renzo Kinoshita raconte la tragédie d’Hiroshima en s’inspirant des témoignages des survivants.
Le cinéaste Rachid Bouchareb fait appel à l’animation pour documenter des faits réels sans images directes : la tragédie de Thiaroye en 1944, dans son court métrage L’Ami y a bon. Le film retrace le destin funeste de tirailleurs sénégalais massacré par les autorités françaises après la Seconde Guerre mondiale.
Le court métrage Silence de Orly Yadin et Sylvie Bringas entremêle des images d’archives à des séquences animées afin de donner la parole à une rescapée des camps de concentration de Terezin.
Le documentaire animé émerge véritablement comme un genre nouveau avec la sortie du très remarqué Valse avec Bachir, en 2008. La coproduction israélo-franco-allemande est parfois considérée comme le premier long métrage documentaire d’animation de l'histoire du cinéma (à tort, comme le montre les exemples cités plus haut). Le film, plusieurs fois primé, raconte l’histoire d’un ancien soldat israélien qui fut engagé pendant les événements de la guerre du Liban au cours de laquelle eurent lieu les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila, et qui depuis lutte contre l’oubli dû à des symptômes de stress post-traumatiques.
Après avoir raconté son histoire dans la bande dessinée Couleur de peau : miel, le dessinateur Jung Sik-Jun choisi ce genre pour l’adaptation cinématographique éponyme. Le long métrage raconte sa quête d’identité dans son pays d’origine, ponctué de souvenirs d’enfance dans sa famille d’adoption.
Le film Camp 14 : Total Control Zone de Marc Wiese complémente le témoignage de Shin Dong-Huyk, né dans un camp de prisonniers politiques en Corée du Nord, par des séquences animées.
Le film expérimental Conversation animée avec Noam Chomsky, réalisée par Michel Gondry est, comme son titre l'indique, une mise en image d’un entretien que le réalisateur a eu avec le philosophe Noam Chomsky.
Dans Jasmine (2013), Alain Ughetto revit sa liaison amoureuse avec une étudiante iranienne en pleine révolution khomeyniste. Le film d’animation en pâte à modeler utilise également des images d’archives de l’INA.
Impact du genre documentaire animé
Comme on peut l'observer, le genre permet d'aborder des sujets difficiles, plus accessibles (et supportable) par le biais de l'animation que par des images brutes. Si l'on considère souvent que le genre en est à ses balbutiements, lorsqu'on s’y intéresse de plus près, il nous faut reconnaitre que ce n’est pas tout a fait exact. Valse avec Bachir est loin d’être précurseur dans le domaine, mais son impact a permis de mettre en lumière cette spécialité incroyablement instructive qui, jusqu’à lors, n’intéressaient qu’un public très restreint. Nul doute que le film documentaire animé a de beaux jours devant lui, comme en témoigne le nouvel intérêt des productions pour le genre.